population

Avec 0,36 % de la population et 1,1 % de la superficie du continent africain et des archipels qui l’entourent, le Congo occupe une place modeste. Au recensement de décembre 1984, la population totalisait 1 909 248 personnes, dispersées sur un territoire de 342 000 km2, soit une densité moyenne de 5,58 hab./km2. La population congolaise est estimée aujourd’hui à 2 900 000 habitants avec une densité de 8,47 habitants au km2.

Évolution numérique

La population congolaise est en augmentation rapide et constante. Malgré un taux de mortalité encore élevé (15 ‰), le taux de natalité important de 42,2 ‰ permet un accroissement naturel annuel moyen de plus de 2,7 % (2,4 % pour l’ensemble de l’Afrique). En adoptant ce taux de croissance, le Centre national de la Statistique et des Études économiques (CNSEE) a évalué pour les 50 prochaines années les effectifs de la population congolaise. 

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Densités de populationLa population se répartit inégalement sur l’ensemble du territoire. La majeure partie (84 %) se trouve concentrée sur 30 % des terres dans le sud du pays, créant ainsi un déséquilibre économique certain. L’écart est grand entre la zone urbanisée de Brazzaville (8 000 hab/km2) et la forêt équatoriale marécageuse de la Cuvette congolaise désertée par l’homme. La densité moyenne (8,47 hab/km2) reste inférieure à celle du continent africain (25,27 hab/km2).

Le Congo ne connaît pas de très fortes densités rurales. Du fait de l’importance de l’urbanisation, la population rurale ne représente que 684 000 habitants, soit une densité moyenne de 2 habitants au km2. Les concentrations les plus fortes se rencontrent encore dans le sud du pays : à l’ouest de Brazzaville, dans la vallée du Niari, sur les plateaux Bembé et Dondo, et dans l’arrière-pays immédiat de Pointe-Noire.

Il faut noter que les conflits armés subis par le Congo au cours des dernières années du XXe siècle ont poussé beaucoup de ruraux du sud du pays à se réfugier dans les centres urbains (Brazzaville et Pointe-Noire particulièrement). Les campagnes du Congo septentrional, les plus faiblement peuplées de toutes, présentent cependant deux îlots de peuplement de densité supérieure à la moyenne nationale : le plateau Koukouya (plus de 35 hab/km2) qui servit de refuge à l’ethnie du même nom avant la colonisation, et le sud-ouest du pays Mbochi.


Habitat

La répartition de la population par types d’agglomérations a été faite à partir des différentes monographies des villages du ministère de l’Intérieur et des résultats des recensements du Centre national de la Statistique et des Études économiques (CNSEE). La carte de l’habitat montre par districts les caractères généraux de la répartition spatiale de la population et les différences régionales de l’habitat.

Au Congo, comme dans la plupart des pays limitrophes, la répartition de la population est linéaire. Ce caractère est général, aussi bien pour les agglomérations urbaines situées le long des principales voies de communication (cours d’eau navigables, routes importantes et voies ferrées), que pour les villages, échelonnés le long de ces mêmes voies et du réseau routier secondaire. Ce phénomène fait apparaître de nombreuses et vastes zones inhabitées, à cause de leur caractère inhospitalier (forêts marécageuses de la Cuvette, grande forêt du Nord, du massif du Chaillu et du Mayombe) ou de la pauvreté de leurs sols (plateaux Batéké). Même vides d’hommes, ces zones font cependant partie du patrimoine foncier des clans des diverses ethnies. Elles ont constitué dans le passé des terres où les ruraux pouvaient déplacer leurs villages et leurs cultures. Aujourd’hui, alors que les villages sont en général fixés depuis plusieurs décennies, ces zones restent autant de domaines de chasse.

La population est de plus en plus concentrée dans des agglomérations de type urbain (de plus de 2 000 habitants), et dans des villages plus importants que la moyenne nationale (177 habitants). De plus, depuis 1960 se sont produits des regroupements de villages (dans la région de la Lékoumou, en particulier), ainsi que des déplacements de population vers les nouvelles voies de communication (route de Pointe-Noire à Sounda, chemin de fer de la Comilog). De 1974 à 1998, le nombre de villages est passé de 4 300 à 4 879, et la moyenne des habitants par village de 134 à 177. Malgré les regroupements conseillés par les pouvoirs publics, encore plus de la moitié des villages (58,9 %) ont moins de 100 habitants, mais ils ne regroupent que 18,5 % des ruraux. Les villages de 101 à 500 habitants (36,15 % au total) abritent la majeure partie de cette population : 58,33 %. 

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Enfin, les gros villages de 501 à 2 000 habitants, bien que proportionnellement peu nombreux, rassemblent cependant 21,15 % de la population.
Les différences régionales dans la répartition des villages et de la population sont nombreuses. Aux zones d’habitat concentré (Lékoumou, Mayombe méridional) s’opposent des zones d’habitat dispersé : nord de la plaine côtière, Pool septentrional, Cuvette-Ouest, Sangha. Quelques exemples en illustrent la variété.

Dans les zones d’habitat concentré, les districts se caractérisent par une population moyenne par village supérieure à la moyenne nationale (177 hab.), inversement, les districts des zones d’habitat dispersé se reconnaissent à la faiblesse de la population moyenne par village


Mouvements migratoires

Depuis 1960, la population congolaise a connu diverses migrations internes et externes qui ont influencé ou influencent encore sa répartition.

Les migrations internes sont dues : à l’exode des ruraux vers les villes, qui avait commencé avec la fondation des villes par les Européens et qui continue activement de nos jours ; aux déplacements de population rurale vers d’autres zones rurales lors de la création de nouvelles voies de communication (routes, voie ferrée) ; aux expériences de regroupements de villages (celle de la Lékoumou est particulièrement réussie) ; mais aussi à la continuité de courants migratoires antérieurs à la colonisation, et qui se maintiennent depuis : ainsi la région du Pool a été peu à peu occupée par les Kongo, venus de la rive gauche du fleuve, aux dépens des Téké jadis maîtres de la terre ; cette poussée se poursuit dans le bassin supérieur du Djoué et sur le rebord méridional du plateau de Mbé (Igné, Maty).

L’immigration a été provoquée depuis 1960 par le retour de fonctionnaires congolais en service dans les territoires de l’ancienne Afrique Équatoriale française, mais surtout par les expulsions de Congolais du Gabon en 1963 et du Congo-Kinshasa en 1966. Au total, ces retours ont porté sur environ 100 000 personnes.

Dans le domaine de l’émigration, il faut noter le départ de plusieurs milliers d’Européens (fonctionnaires et militaires français en particulier), et le départ rapide de Gabonais, Dahoméens et Togolais lors des premières années de l’indépendance.

Depuis les débuts des années 1990, les pays de l’Afrique centrale et le Congo en particulier connaissent une période de remous socio-politiques qui ont provoqué d’autres migrations dans le Pool et les pays du Niari en 1993-1994, dans le Pool et la partie septentrionale du pays en 1997 et 1998-1999. Des réfugiés congolais se sont retrouvés dans les pays voisins (République démocratique du Congo et Gabon particulièrement), alors que des Rwandais et des Congolais de Kinshasa séjournent quant à eux sur le territoire du Congo-Brazzaville, ayant fui la guerre dans leurs pays depuis les années 1994-1995. Le tableau ci-après montre l’importance de ces réfugiés dans la région de la Likouala. En effet, cette région, d’ordinaire peuplée de près de 66 000 âmes a vu arriver 33 000 réfugiés, soit 50 % en plus de sa population, ce qui ne manque pas de poser des problèmes.


source: Editions du jaguar : Atlas Congo